En réponse à l’invitation de l’association Échos Cinématographiques, en partenariat avec Hakka Distribution et avec le soutien de Massari, le critique et universitaire Taher Chikhaoui a rencontré le cinéaste Ala Eddine Slim autour de son dernier long métrage « Agora », primé au Festival de Locarno 2024 (Pardo Verde).
La rencontre, filmée et ouverte au public, s’est tenue le 18 avril 2025 au Ciné Mad’art (Lez’arts), en présence de professionnel·les et de passionné·es de cinéma.

Depuis « Babylon » (2012), Ala Eddine Slim s’est imposé comme l’une des voix les plus singulières du cinéma tunisien. Réalisateur, producteur et artiste visuel, il développe, à travers ses films, une écriture du monde où la frontière entre réel et fantastique s’efface.
«The Last of Us » (Lion du Futur, Venise 2016), « Tlamess » (Quinzaine des Réalisateurs, Cannes 2019) et aujourd’hui « Agora », constituent une trajectoire rare : celle d’un cinéma qui interroge les formes, les corps et les territoires à la marge.
Taher Chikhaoui a proposé une lecture critique de cette démarche, rappelant combien la recherche formelle d’Ala Eddine Slim, cette manière de déplacer le récit, de ramener l’étrange au cœur du réel et de placer l’image au plus près du politique, continue de dérouter. Non pas par provocation, mais parce qu’elle rompt avec une certaine fatigue des schèmes visuels dominants.
Cette tension, entre reconnaissance internationale et réception locale hésitante, ne tient pas seulement à un déficit de visibilité : elle traduit la difficulté de penser, ici, un cinéma affranchi des codes narratifs et des attentes du marché.
La conversation a ainsi ouvert un espace de réflexion sur le statut même du cinéma tunisien contemporain, entre invention esthétique et responsabilité politique.

